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Le cheminement de fonctionnaire à salariée à indépendante.

Ou comment passer une vie à la recherche de la liberté


J'ai réalisé en l'écrivant que cet article allait être beaucoup trop long, donc il est scindé en deux. L'article suivant abordera plus en détails les difficultés de concilier deux emplois (salariée et indépendante complémentaire).


De fonctionnaire à salariée : de la sécurité à l'autonomie


La plupart d'entre nous, j'imagine, a été élevée selon le modèle du sprint : il faut avancer le plus vite, en ligne droite et en étant plus rapide que les autres.

  • Choisis bien tes études - ce sont tes études pour la vie, ne te trompe pas !

  • Termine-les dans les temps - si possible en avance, au minimum ne pas redoubler ou changer d'orientation.

  • Sois parmi les meilleurs - le système méritocratique français récompensant les plus scolaires et disciplinés.


J'ai suivi ce parcours, des bancs de l'école, aux bancs des classes prépa, aux bancs des concours de l'Éducation Nationale, aux bancs des profs… En mode zombie, sans réflexion sur ce que je voulais être, faire, vivre. Sans être véritablement qui je voulais être, c'était une vie sans danger, balisée, confortable. J'avais une situation pour laquelle j'avais travaillé des années, j'étais arrivée au nirvana de la sécurité : fonctionnaire. Mais au bout de 4 ans d'enseignement, j'ai réalisé que je ne rendais service ni aux élèves auxquels j'enseignais. ni à moi-même. Soit je partais, soit je mourais.


Et même si je n'avais pas été formée au changement, il y a des moments dans la vie propices à l'action. Alors à 25 ans, j'ai décidé de quitter l'Éducation Nationale, de quitter la France et de suivre l'homme que j'avais rencontré 6 mois auparavant et le rejoindre à Bruxelles. Je n'avais pas d'enfants, pas de crédit hypothécaire, pas de contrainte et l'amour me tendait les bras. Comment ne pas y aller ? J'ai repris des études complémentaires en Communication d'Entreprise à l'université et je donnais des cours tôt le matin, tard le soir et le weekend chez Berlitz, en tant que professeur de français. Les journées furent longues, mais pour la première fois, j'ai connu ce sentiment de liberté. Je faisais enfin que j'avais véritablement décidé de faire. Moi. Moi toute seule. Et j'assumais aussi mes choix, financièrement. Certes, je n'aurais jamais obtenu un prêt à la banque à ce moment-là de ma vie, je ne mettais pas d'argent de côté pour ma retraite. Mais j'avais la vie que j'avais toujours désirée au plus profond de moi, à ce moment-là.


À la fin de mes études en 2000, j'ai travaillé pour plusieurs sociétés américaines, j'ai voyagé, on m'a confié des responsabilités, j'ai appris tellement, je me suis épanouie dans mon travail. Jusqu'au jour de ce burnout. BAM. L'incompréhension totale. Comment en étais-je arrivée là ? C'était pourtant ma vie de rêve. Celle que j'avais désirée, choisie, construite.


Durant mon coaching, je me suis rendue compte que j'avais choisi cette vie il y a 20 ans, et que cette vie avait justement faire de moi une autre personne, avec d'autres besoins, mais surtout d'autres rêves. Dans mon travail, j'avais rétréci au point de devenir invisible, ma parole se perdait dans les voix de milliers d'employés et mon horizon se résumait à la journée du lendemain. Malgré la perte de sens, les horaires de dingue, le stress au travail lié au fameux retour sur investissement, j'y retournais tous les matins. J'étais en mode auto-pilote. Sans m'accorder une minute de réflexion, sans songer à une remise en question du modèle. Parce que, là encore, pas formée au questionnement personnel.


Et croyez-moi, c'est bien plus difficile d'abandonner une vie qu'on a choisie que celle qu'on a l'impression de subir.


Vous avez le droit de changer de vie


Ce fut une révélation le jour où mon thérapeute m'a dit : 'Une décision est quasi toujours révocable. Vos choix sont temporaires. Vous avez le droit de changer.'


Premier détricotage de croyances limitantes. Cette phrase résonne toujours aussi fort en moi et me suit chaque jour. C'est un mantra qui m'a permis de relativiser toute décision que j'ai dû prendre jusqu'à présent et un mantra que j'essaye de transmettre à mes enfants. Elle va ainsi : "Aujourd'hui, sur bases des informations que j'ai, des désirs, des nécessités, je prends la décision de xxx."


Elle m'a ôté une partie de mes craintes, liées à mes pensées limitantes de me tromper, de rater évidemment ; mais aussi celles liées à la sécurité financière, puisque tout changement peut impliquer, gagner moins d'argent. Cette idée de réversibilité a rendu le processus moins angoissant.


Alors, j'ai commencé à accepter l'idée non seulement de changer ma vie, mais que c'était une belle décision, une décision louable et une décision qui devait se faire selon mes conditions.


De salariée à indépendante : la vie est un marathon, pas un sprint.


À 50 ans, on ne pense plus le monde du travail comme à 30 ans ou même à 40 ans. Il devient de plus en plus compliqué de trouver un employeur passé la cinquantaine. Surtout dans le domaine dans lequel je travaille. Alors clairement, l'option de tout bazarder pour devenir potière n'en était pas une.


Il a donc d'abord fallu définir mes conditions. Et le déclic s'est fait quand ma coach m'a dit que la vie était un marathon, pas un sprint. (d'où l'importance de se faire aider !)


Je lui parlais de ce corps qui me lâchait, de ce corps qui se fatiguait trop vite, qui m'empêchait d'être celle que je voulais devenir. Celui qui me tirait vers le fond, qui me desservait. Elle m'a regardé et m'a dit : 'Rozenn, que se passera-t-il si vous mettez votre projet en œuvre dans 6 mois plutôt que maintenant ?'.


Je me suis calée au fond du fauteuil en velours bleu nuit de son cabinet, j'ai pris une grande inspiration pour lui expliquer, et je n'ai rien trouvé à dire sur le moment, à part : 'j'ai besoin d'avoir un espoir, sinon je vais devenir dingue.'


Elle m'a regardé : 'Alors travaillons aux plus petites étapes que votre corps vous autorise à réaliser pour le moment'.


Je ne pouvais me concentrer que quelques heures par jour. Il fallait alors aller à l'essentiel. Poser chaque jour des petits gestes : comprendre comment on s'inscrit comme indépendant, combien cela coûte, quelles charges sociales, les implications pour mon travail de salarié, etc. Poser pierre par pierre était sans risque, car il s'agissait surtout de me renseigner. Mais poser du concret sur mon rêve me permettait de mesurer le chemin à faire et en même temps me faisait progresser d'infimes centimètres. C'est au terme d'un an de ce travail de fourmi que je me suis inscrite en tant qu'indépendante complémentaire et j'étais prête !

 

En guise de conclusion

  1. Accepter que la vie est une perpétuelle transformation m'a fait comprendre que c'est ok de changer de direction, de voie (ou voix) et que ce n'est pas de l'inconsistance, que ce n'est pas un manque de sérieux ou d'implications. Au contraire, c'est une richesse de pouvoir changer de métier, de centres d'intérêt, et même d'amis.

  2. Connaitre ses limites et en faire des forces. On nous apprend à dépasser nos limites, mais souvent en allant contre et non pas en faisant avec. 'Mords sur ta chique, arrête de t'écouter'. Qui ne reconnait pas ces phrases ? Nos limites sont aussi nos garde-fou et peuvent nous aider à avancer de façon saine. Rien ne sert de courir, il faut partir à point.

  3. Choisir, ce n'est pas renoncer ; choisir, c'est décider. Dans le renoncement, il y a cette notion d'abandon que j'ai toujours détestée, cette idée de devoir accepter que l'on n'aura pas quelque chose, comme si ce qu'on y gagnait avait moins d'importance que ce que l'on 'perdait'. Dans la décision, il y a un mouvement en avant, un élan d'accomplissement. Je préfère me tourner vers l'horizon, que de regarder en arrière. Alors mon choix perd de son amertume et prend le goût acidulé des bonbecs de mon enfance.

 

Prochain article (suite) : Salariée et entrepreneuse ou comment essayer de concilier deux emplois.


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